Depuis des années qu'il manie la politique à coups de projets de lois drastiques et de lutte acharnée contre le progressisme, Ron DeSantis devrait pourtant le savoir: c'est un univers impitoyable, où l'on n'est jamais à l'abri de perdre un précieux soutien.
Justement, il se murmure que le candidat risque de se faire lâcher par un pilier. Et de taille: le milliardaire Rupert Murdoch, 92 ans, accessoirement patron de la très puissante chaîne conservatrice Fox News et d'une jolie brochette de médias particulièrement influents chez les conservateurs.
Ce n'est pas faute pour Ron DeSantis d'avoir été longtemps le nouveau chouchou des Murdoch. Jusqu'à récemment, Fox News s'était montrée très élogieuse envers le gouverneur de Floride. Depuis 2021, le réseau a contribué à le propulser sur la scène politique nationale et à renforcer son image de jeune star politique et d'incarnation vivante de l'avenir d'une droite dure post-Trump.
Convaincue que Ron DeSantis représentait une option plus éligible et moins chaotique que Donald Trump pour 2024, la puissante dynastie avait donc largement favorisé le candidat dans la primaire.
Et pourtant, il semblerait que cette période rose soit révolue. Alors que le candidat, officiellement lancé dans la course depuis deux mois, souffre d'une perte de vitesse dans les sondages, des proches du clan ne font pas mystère auprès du magazine Rolling Stone, des «doutes et ses frustrations» de Rupert Murdoch.
«Ils sont transactionnels et peuvent sentir un perdant à un kilomètre», complète un initié de la chaîne, faisant référence à Rupert Murdoch et son fils, Lachlan.
Selon ces sources, le nonagénaire se serait fréquemment demandé, lors de discussions et d'appels privés, si un «retour» de Ron DeSantis est encore possible, alors qu'il échoue à détrôner son rival Donald Trump dans les enquêtes d'opinion - et ce, malgré un large battage médiatique avant le lancement de sa campagne.
Ce n'est pas tout. Il semblerait également que le milliardaire soit lassé de la guerre culturelle ininterrompue de DeSantis, menée qui plus est de manière «négligeante». Fâcheux, quand on sait que le candidat à la Maison-Blanche a bâti sa stratégie politique sur son image de guerrier politique, encore plus à droite que l'extrême-droite.
Sans oublier quelques trébuchements et maladresses dans sa présentation publique, ainsi que ses tentatives de se connecter avec l'électeur américain.
Bref: les Murdoch ne sont pas contents, et cela se voit. Ou plutôt, se lit. Du Wall Street Journal au New York Post, les éditoriaux des journaux sous la houlette du magnat médiatique sont de plus en plus critiques avec son ancien favori.
Toutefois, attention: à ce stade de la primaire républicaine, la famille Murdoch n'est pas encore prête à jeter le bébé DeSantis avec l'eau du bain. En particulier parce que le patriarche ne se réjouit pas particulièrement à la perspective de devoir cirer les bottes de Trump une deuxième fois.
«Il y a beaucoup de gens qui essaient d'écrire la nécrologie d'une figure bien financée et populaire du parti avant même que les débats n'aient commencé», avertit Doug Heye, ancien directeur des communications du Comité national républicain.
«Ron était le tueur de dragon désigné – et parce qu'il n'a pas tué le dragon avant le début des débats, il est décrit comme un échec. Et je pense qu'il est trop tôt pour cela.» Nous sommes prévenus.